1. Jérôme Bonnetto, La certitude des pierres.
Jérôme Levasseur réalise son rêve de toujours, s’installer dans un village de montagne pour ouvrir une bergerie. Mais dans ce lieu reculé aux allures paradisiaques, il n’est pas aisé de s’intégrer. Surtout quand on a l’indélicatesse de laisser paître son troupeau dans la zone réservée à la sacro-sainte chasse au sanglier. Dans ce roman tendu à la cohabitation compliquée, thriller et nature writing sont les seuls à faire bon ménage.
2. Shûsaku Endô, Silence.
Au XVIIe siècle, le Japon se replie sur lui-même. Le shogunat persécute inlassablement les Chrétiens, symboles de l’influence occidentale, contraignant les missionnaires à exercer leur apostolat dans la clandestinité. Jusqu’au jour où une rumeur parvient aux oreilles de la curie romaine. Christophe Ferreira, évangélisateur portugais estimé, aurait commis l’impensable, renier le Christ. Trois de ses anciens disciples sont envoyés sur l’archipel nippon pour enquêter. Un voyage périlleux qui ébranlera et questionnera leur foi, adapté au cinéma par Martin Scorsese.
3. Joseph Incardona, Derrière les panneaux, il y a des hommes.
Pierre vit dans sa voiture. Sa vie, brisée six mois auparavant, croise celles d’autres personnages cabossés au hasard des aires d’autoroute : routiers, serveurs de snack, cantonniers, prostituées. Mais dans cette faune autoroutière et désabusée, Pierre recherche un homme bien précis, à l’origine de sa déchéance. Cette chasse à l’homme sur asphalte, le temps d’un week-end du 15 août, est aussi et avant tout un excellent roman social.
4. Étienne Kern, Les envolés.
Le statut de pionnier de Franz Reichelt est lié directement à sa fin tragique, car il est le premier d’une longue liste de personnes dont la mort a été filmée en direct. C’était le 4 février 1912, lorsque ce tailleur pour dame originaire de bohême a sauté du premier étage de la tour Eiffel pour tester le parachute qu’il avait inventé. Étienne Kern, touché par le destin tragi-comique de Reichelt, va l’entremêler aux chutes de ses propres disparus pour signer un premier roman où la pudeur se substitue au pathos.
5. Aliette de Laleu, Mozart était une femme.
Si vous n’avez jamais entendu parler de Maria Anna Mozart, c’est normal. Elle fut comme son frère un prodige de la musique, mais dut abandonner sa passion pour se marier. Dans « Mozart était une femme », Aliette de Laleu, raconte les nombreuses vocations brisées, mais aussi la vie de musiciennes qui malgré une œuvre foisonnante ont été mises au ban de la mémoire. Une cession de rattrapage accessible riche en anecdotes.
6. Christophe Mouton, Cocaïne.
Tarek est né dans une cité de la banlieue parisienne. Elève brillant, il défie les lois du déterminisme social en intégrant Science-Po. Malgré son intelligence, il est réduit dans son nouveau milieu à un hochet méritocratique qu’on aime agiter en public. Avec un pied dans les deux milieux, tout en les haïssant, il met en place un trafic de cocaïne en reprenant les préceptes acquis lors de ses hautes études. Si Tarek, son personnage, transforme la drogue en capitaux juteux, Christophe Mouton change avec brio le sabir managérial en littérature pour offrir une satire sociale mordante d’ironie.
7. Douglas Preston & Lincoln Child, Ice limit.
Palmer Lloyd est très riche, quand il veut quelque chose il sort son portefeuille et les réticences cèdent. Quand il achète une météorite tombée sur une île proche du cap Horn pour la mettre dans son musée personnel, il engage deux spécialistes, McFarlam et Eli Glim, et affrète à prix d’or un bateau pour la récupérer. Mais cette fois les gros billets verts ne viendront peut-être pas à bout des étranges propriétés du météore qui sème la mort autour de lui. Un récit d’aventure contemporain oscillant entre polar et science-fiction.
8. Gaston Rébuffat, La montagne est mon domaine.
Cet ouvrage regroupe les meilleurs écrits de l’alpiniste Gaston Rébuffat, pour la plupart devenus introuvables. Raconter ascensions et sommets est une chose, encore faut-il, pour en faire un véritable objet littéraire, ne pas se contenter de les marteler à coup de piolet. Chez Rébuffat, l’œil et la plume sont certes aiguisés, mais c’est pour mieux retranscrire la poésie des cimes tout en révélant une part d’intime. Un recueil pour tous les amoureux de haute altitude ou tout simplement de littérature.
9. Kristen Rivers, La souplesse du chat.
Pour Sélina, rien n’est plus important que son boulot de community manager. Alors quand, à la suite d’une énorme gaffe, elle doit passer par la case télétravail dans sa maison sans connexion, le moral n’est pas au beau fixe. Le Wi-Fi est heureusement accessible dans le salon de thé avoisinant qui s’avère être un bar pour chat. Sélina, qui n’a aucune attirance particulière pour les félins, va devoir passer un pacte avec le farfelu propriétaire de l’établissement pour bénéficier d’internet. Un roman feel-good qui ronronne !
10. Jean-Christophe Rufin, Les flammes de pierre.
C’est l’histoire classique d’un coup de foudre entre deux personnes que tout oppose, Rémy le guide de haute montagne et Laure sa cliente parisienne. Rémy n’hésite pas à quitter son village alpin pour s’installer avec Laure à Paris. Mais il a beaucoup de mal à s’acclimater au milieu bourgeois dans lequel évolue Laure. Jean-Christophe Rufin désirait depuis longtemps écrire un roman de montagne, c’est chose faite avec une intrigue sentimentale qui n’est pas sans rappeler « La grande crevasse » de Frison-Roche.
11. Aki Shimazaki, Sémi.
Tetsuo et Fujiko Niré vivent en maison de retraite depuis que Fujiko a commencé à développer des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Un matin, Fujiko ne reconnait plus du tout son époux. Au lieu de baisser les bras, Tetsuo décide de séduire cette femme qu’il a épousé il y a plus de quarante ans par le biais d’un mariage arrangé. Comme un pied de nez au temps qui passe et engloutit tout, la vitalité et les souvenirs, l’auteure canadienne d’origine japonaise offre une ultime jeunesse à ce couple forgé dans la résilience.
12. David Vann, Sukkwan Island.
Sukkwan Island est une petite île isolée au large de l’Alaska. Jim, qui a connu une série d’échecs personnels dont un divorce douloureux, décide d’y vivre une année en totale autonomie avec son fils de 13 ans. Il est persuadé que cette vie rude au cœur de la nature va renforcer leurs liens. Mais mal préparé, instable émotionnellement, Jim est incapable de faire face aux difficultés. Le séjour sur l’île vire petit à petit au cauchemar. Personne ne sort indemne de ce premier roman, pas même le lecteur.
13. Éric Vuillard, L’ordre du jour.
Entrez grâce à Éric Vuillard dans les coulisses de l’Anschluss, la fameuse annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, premier pas de botte dans la fuite en avant sanglante d’Adolphe Hitler. A la légende d’une Wehrmacht surpuissante et inarrêtable entrant dans Vienne, l’auteur oppose des scènes de tractations au sein de salons feutrés, quand diplomates et industriels marchandèrent la guerre. Un récit lauréat du Prix Goncourt 2017.