1. Shalom Auslander, Maman pour le dîner.Septième Seltzer vient de perdre sa mère, un décès qui aurait presque de quoi le réjouir tant cette femme était un monstre d’égoïsme et de méchanceté. Malheureusement pour lui, sa famille appartient à la communauté cannibale des États-Unis qui a pour tradition la consommation du défunt par les enfants lors d’un repas rituel. Septième a beau trouver ce rite absurde, il est difficile d’échapper au poids des traditions. Une succulente farce sur la difficulté d’assumer l’héritage familial.
2. Patrick Baud, Nanofictions.Il y a les écrivains prolixes qui déroulent leur univers dans des romans fleuve, voire sur des dizaines de volumes. Et puis il y a les économes en mots, les apôtres de la concision. Patrick Baud intègre assurément la seconde catégorie avec ses nonofictions, des histoires complètes de quelques lignes pleines d’humour et de poésie. A picorer sans modération.
3. M.C. Beaton, Agatha Raisin t.1 : La quiche fatale.
Agatha Raisin, citadine pur jus, décide sur un coup de tête de se mettre au vert. Elle déménage dans une paisible bourgade des Costwolds où elle s’ennuie ferme, d’autant qu’elle a du mal à s’intégrer. Quoi de mieux que le concours de quiche local pour tenter d’inverser la tendance. Malheureusement l’arbitre s’effondre à la première bouchée et Agatha, qui a triché en achetant la quiche chez un traîteur, doit mener l’enquête pour se disculper. La première aventure de l’un des personnages phares du « cosy crime ».
4. Jean-François Beauchemin, Le roitelet.Un écrivain coule des jours paisibles à la campagne en compagnie de sa femme, son chien et son chat. Une vie ordinaire, sans grande fantaisie, que seules viennent troubler les frasques d’un frère schizophrène. Une maladie qui a bouleversé puis façonné une relation unique dans la fratrie, créant une forme d’amour hors norme. Un peu à la manière de Jean-Louis Fournier, l’auteur aborde la terrible maladie avec douceur et poésie.
5. Françoise Bourdin, Le choix des autres.Lucas et Virgile sont amis depuis l’enfance et les couples qu’ils forment respectivement avec Clémence et Philippine continuent de s’inviter régulièrement. Une amitié forte qui pousse, sur l’instigation des deux hommes, à acheter un grand chalet niché sur les auteurs de Gap où les deux familles s’installent. Mais l’ex-mari de Clémence, qui n’accepte pas leur séparation, vient demander des comptes. Une jalousie contagieuse qui va réveiller de nombreuses rancœurs et briser l’harmonie qui semble régner sur le lieu. Un roman psychologique haletant dans un décor grandiose.
6. Charlotte Bourlard, L’apparence du vivant.Une jeune photographe fascinée par la mort est engagée pour s’occuper d’un couple âgé, les Martin, propriétaire d’un ancien funérarium. Dans cette banlieue désaffectée de Liège, nul ne prête guère attention aux activités de ces retraités adeptes de la taxidermie et Madame Martin se met en tête d’initier la jeune femme, désormais installée chez eux, à leur art.… sur toute sorte de sujet. Un récit horrifique décapant, bâti sur une relation d’amour filial.
7. Sophie Chauveau, La passion Lippi.
Quelle matière pour un roman que la vie du peintre Filippo Lippi ! Issu des bas-fonds d’où l’a extirpé Cosme de Médicis, le futur mentor de Botticelli, devenu moine, met en émoi la société florentine du Quattrocento par la grâce de ses madones, dont les modèles ne sont autres que des... prostituées. Entre Croix et lucre, Sophie Chauveau brosse le portrait en clair-obscur de l’un des plus étonnants peintres de la Renaissance.
8. Erri De Luca, Trois chevaux.Un proverbe dit que la vie d’un homme dure autant que celle de trois chevaux. Un émigré italien, fuyant la dictature militaire qui a coûté la vie de sa femme, quitte l’Argentine pour rentrer au pays. Il y mène alors en tant que jardinier une existence solitaire, marquée par la nostalgie de sa première vie, jusqu’au jour où il rencontre Làila. Avec cet amour naissant arrive l’heure des choix, signe que sa seconde vie se termine. Erri De Luca interroge, de son style dépouillé et poétique, ces carrefours des possibles qui jalonnent immanquablement le parcours d’une vie.
9. Xavier Dorison & Félix Delep, Le château des animaux.Dans une ferme oubliée des humains, le taureau Silvio a pris le pouvoir. Secondé par une meute de chiens, il impose un régime de terreur aux autres animaux. La chatte Miss Bengalore, César le lapin et Azélar le rat tentent courageusement d’organiser la résistance à la tyrannie. Cette métaphore animalière est la réécriture en bande-dessinée de La ferme des animaux de Georges Orwell.
10. William Kotzwinkle, L’ours est un écrivain comme les autres.Matt Bramhall est un homme malheureux. Ce professeur en littérature du Maine est persuadé d’avoir écrit un best-seller. Problème : il s’est fait chiper le manuscrit par... un ours qui connaît alors un succès retentissant sous le nom de Dan Flakes. William Kotzwinkle nous offre une irrésistible satire du monde de l’édition où personne ne semble se rendre compte que derrière un écrivain à succès se cache un plantigrade toujours affamé, qui n’aime rien tant que de se rouler par terre pour se gratter le dos au milieu d’un cocktail mondain.
11. Marsha Mehran, Une soupe à la grenade.
Trois sœurs fuient l’Iran pour la petite bourgade irlandaise de Ballinacroagh. Autant dire que dans ce petit village, pluvieux et replié sur lui-même, le dépaysement est total pour les jeunes femmes ! Elle ne se découragent pas pour autant et ouvrent le Babylon café dont les saveurs ô combien exotiques et appétissantes adoucissent les sentiments des habitants à leur égard. Et ce ne sont pas les seuls à succomber, puisque le lecteur a bien du mal à s’empêcher de saliver à l’évocation des baklavas et autres agapes persanes dont les recettes ouvrent chaque chapitre.
12. Jean-Christophe Rufin, Les flammes de pierre.
C’est l’histoire classique d’un coup de foudre entre deux personnes que tout oppose, Rémy le guide de haute montagne et Laure sa cliente parisienne. Rémy n’hésite pas à quitter son village alpin pour s’installer avec Laure à Paris. Mais il a beaucoup de mal à s’acclimater au milieu bourgeois dans lequel évolue Laure. Jean-Christophe Rufin désirait depuis longtemps écrire un roman de montagne, c’est chose faite avec une intrigue sentimentale qui n’est pas sans rappeler « La grande crevasse » de Frison-Roche.
13. Lionel Shriver, À prendre ou à laisser. 
Kay a assisté son père atteint de la maladie d’Alzheimer pendant dix ans. À son décès, le soulagement l’a emporté sur la tristesse, tant il était devenu un fardeau pour elle. Avec son mari médecin Cyril, ils font le serment lors d’une soirée particulièrement arrosée de partir ensemble à l’âge de 80 ans pour éviter de devenir un poids pour la société. Mais quand trente ans plus tard, une fois l’heure fatidique arrivée, ils rechignent à respecter leur parole, surtout qu’ils se sentent en bonne santé. Un tabou, douze fins alternatives et toujours cet humour corrosif qu’on lui connait, Lionel Shriver, à l’image de son couple suicidaire, est toujours en pleine forme !
14.Jean-Pierre Siméon, Aïe ! Un poète.La poésie fait souvent peur. Jean-Pierre Siméon, poète de son état, nous dit pourtant dans ce court texte que la poésie est un art qui appartient à tout le monde et que c’est justement ce qui en fait sa richesse. Le poème, qui dialogue avec l’intimité de son lecteur, offre une infinité de significations inféodées à tout dogme littéraire. Une désacralisation bienvenue autant pour les réticents que pour les amateurs.
Fils d’un homme de main de la pègre locale, Rey Carney, vendeur de meubles et d’électroménager de Harlem, tente de mener une vie « à peu près » honnête. Mais c’est sans compter sur son cousin qui l’entraîne toujours dans d’inénarrables embrouilles, sans parler de la terrible ségrégation qui sévit au sein même de la communauté afro-américaine. Colson Whitehead, l’auteur de Underground railroad, ressuscite le Harlem des années 60 dans ce roman noir truculent à galerie de personnages inoubliables.